Zaza... en Egypte

Connaissez-vous les chaussures qui "couinent"? Enfin, ça ne s'appelle pas exactement comme ça, on dit plutôt les "squeaky shoes". Moi je les ai découvertes en Egypte, au hasard de mes pérégrinations urbaines. Alors que je marchais tranquillement dans les rues du Caire, j'ai entendu un... couinement soudain aux alentours. Croyant d'abord à un miaulement (les chats se comptent par milliers dans la capitale égyptienne!), j'ai vite compris que si c'était bien un chat, le pauvre devait avoir la queue coincée dans une porte. Bref. Le bruit s'amplifie, passe à côté de moi. Et après une courte période de doute, j'associe clairement chaque couinement... aux pas mal assurés de ce petit gamin à peine plus haut que trois pommes. Il porte les fameuses "squeaky shoes".

Apparemment il s'agit d'encourager l'enfant à marcher, sa motivation étant liée au bruit qu'il produit à chaque fois qu'il pose le pied à terre. Mais permet également de savoir où se trouve bébé à tout moment. A condition de ne pas se retrouver mêlé à un troupeau aux pieds "couineurs". Je ne sais pas si cette mode a fait un carton en Egypte ou si c'est juste ce que j'appelle le "phénomène femme enceinte" (quand il y en a une dans votre entourage, vous en voyez alors partout), mais ils sont nombreux et ils le font savoir.

Pour ma part, si j'ai trouvé ça très drôle sur ces petits bouts de chou à l'entraînement, j'ai vite réalisé qu'en tant que parent, je ne supporterais pas longtemps cette pollution auditive. Et croyez moi, elle est déjà bien assez intense au Caire sans en rajouter. Mais je vous laisse apprécier par vous même.

Ramadan. Cette célébration religieuse musulmane, qui commence ce mercredi 11 août ici en Egypte, vous évoque sûrement, comme à moi, la notion de jeûne et de rassemblement familial, de partage. Mais savez-vous vraiment tout du Ramadan. Moi, j'ai voulu en savoir plus sur cette tradition et ses origines que je ne connaissais que dans les grandes lignes. Mohammed, un jeune homme de 25 ans fervent pratiquant et très respectueux des commandements du Coran, a accepté de m'en dire un peu plus sur cet aspect de sa religion. Interview.

Qu'est-ce que le Ramadan?

C'est un temps de célébration qui fait partie des bases de la religion islamique et est obligatoire pour les Musulmans. Durant un mois, nous jeûnons chaque jour, du lever au coucher du soleil. Il n'est pas possible de manger, boire ou encore avoir des relations sexuelles entre mari et femme. A travers ces interdits, Allah veut faire comprendre à chacun ce que ressentent  les personnes qui n'ont ni à manger ni à boire tout au long de l'année, nuit et jour. Il nous invite donc à partager avec les plus pauvres, qu'il s'agisse d'argent, de nourriture, de vêtements, etc. Une action qui doit permettre d'obtenir les faveurs de Dieu après la mort. 

Quelle est l'histoire du Ramadan?

La tradition qui consiste à fêter le Ramadan nous vient de la période fatimide (les Fatimides étaient une dynastie musulmane. Ils ont conquis l'Égypte en 969 et fondé Al-Qâhira (le Caire), "la victorieuse", NDLR). Avant on ne le célébrait pas, chacun le respectant individuellement. Lorsque les Fatimides sont arrivés en Egypte, le calife a voulu distinguer le pays des autres en créant un événement extraordinaire. Puisqu'il s'agissait de la période du Ramadan, il a fait préparer des tables gargantuesques pour que les pauvres puissent manger le soir venu. Le problème c'est qu'à l'époque, ils n'avaient pas l'électricité. Ils ont donc fabriqué des lanternes de fortune afin d'éclairer la ville. Le calife venait alors à la rencontre des pauvres et faisait son discours, attirant l'ensemble des habitants dans les rues. C'est ainsi que le Ramadan est devenu un moment de fête et de rassemblement.

Comment se déroule aujourd'hui une journée type du Ramadan?

Avant que le soleil ne se couche, nous nous rendons à la mosquée pour prier, écouter les prêches et les conseils de l'Imam. Le port de la galabeya (tunique traditionnelle portée par les Égyptiens, de moins en moins répandue en zone urbaine, NDLR) n'est pas une obligation. La tradition veut que, avant ce que l'on peut considérer comme notre "petit déjeuner" (nous avons jeûner toute la journée, il s'agit donc de notre premier repas), le grand-père de la famille appelle l'ensemble de ses fils et leur propre famille à venir le rejoindre dans la maison familiale. Une grande table couverte de nourriture et de boissons de toutes sortes a été préparée pour l'occasion. On trouve du poulet, du bœuf, des macaronis, du fromage mais également un grand choix de pâtisseries tels que la konafâ, le qatayef et le basboussa. (photo ci-contre : préparation, non artisanale, de la pâte filée utilisée pour la réalisation de la konafâ)

Mais, de nos jours, cette tradition à tendance à se perdre. Les gens restent chez eux et invitent quand ils le souhaitent, et non tous les jours, si bien des membres de la famille que des amis.

A la fin du repas, nous sortons. Il y a 30 ou 40 ans de cela, les enfants marchaient dans les rues avec des lanternes, rappel de celles fabriquées du temps des Fatimides, et entonnaient des chants pour saluer le Ramadan. On pouvait alors entendre ces mots : wahawï ya wahawï mais je n'ai aucune idée de ce que cela peut signifier, même en arabe! Désormais, les rues sont décorées et l'on trouve des petites lanternes un peu partout, des plus fantaisistes aux plus simples, elles sont déclinées à l'envi mais il est de plus en plus rare que les enfants chantent. Quelques personnes font de petits feux d'artifices et d'autres lancent des pétards.

Le Ramadan est-il divisé en plusieurs temps précis?

Les dix derniers jours revêtent pour nous une importance toute particulière. Selon le prophète Mohammed (Mahomet), l'une des nuits de cette période particulière est une nuit spéciale. La plupart des anges sont réunis dans le ciel et les portes du paradis sont ouvertes. Si l'on demande alors quelque chose à Dieu, ce souhait devient réalité lors de la vie ou après la mort. Mais on ne sait jamais de quelle nuit en particulier il s'agit. Alors la plupart des Musulmans passent toutes les nuits de cette période à la mosquée, s'ils en ont la possibilité, et prient car c'est de cette façon qu'ils peuvent bénéficier de cette faveur.

Que se passe-t-il à fin du Ramadan?

Durant ces dix deniers jours, nous préparons également beaucoup de nourriture afin de faire la fête lorsque le Ramadan se termine. Un grand nombre de jeunes couples choisissent aussi ce jour pour se marier.

Comment parler d'un pays ou d'une région sans évoquer sa nourriture? Une part si importante de la culture de notre accueillant ne pouvant être passée à la trappe, j'ai décidé d'entreprendre un petit tour, non exhaustif, de ce que l'on peut trouver à manger en Égypte. Local food only! On ne peut pas dire que j'ai trouvé un de ces plats vraiment excellent, mais quelques-uns, typiques, m'ont quand même bien plu. Revue de détails de mes découvertes culinaires.

• les "sandwichs" : comme chez nous, le "système" consiste à mettre différents éléments dans du pain. Mais rien n'a voir avec ce qu'on connaît. D'une part parce que le pain est une sorte de pâte blanche qui a cuit tel quel sans lever. A l'intérieur on ait mettre des frites, des falafels ( là j'aime beaucoup, c'est une sorte de croquette panée avec des fèves mixées, de l'oignon, du persil, etc.), du fromage blanc local avec des herbes, du concombre... On peut tout aussi bien demander à avoir de la viande de mouton dite "shawerma", autrement dit cuite sur une broche au contact direct de la flamme, à l'instar du kebab turc en somme. N'aimant pas le mouton, je ne me suis pas laissée tenter mais je dois dire que ça sent très bon. Les petits magasins qui vendent cette "junk food" à emporter ont pignon sur rue, portes grandes ouvertes et pullulent dans tous les coins de la ville. Pour un sandwich de ce type, comptez entre 1,5 et 3 pounds soit quelques centimes d'euro seulement!!!

• les fèves (foul) : LE plat par excellence en Égypte. Longue, brunâtre, avec une rayure noire à son extrémité, la fève est mijotée très longtemps puis assaisonnée. Elle s'accompagne d'une sauce à la tomate ou de tahina, crème à base de sésame. Pour moi, c'est à peu près comme des haricots blancs dont la cuisson n'a pas été complètement terminée. On le trouve dans les supermarchés en conserves mais c'est quand même largement meilleur cuisiné à la maison par une spécialiste. A éviter absolument pour le dîner : lourd, ce plat rend la digestion difficile!

• Bamia : un légume vert conique que l'on ne trouve pas souvent sur les étals français. Cuit, il devient très fondant et se cuisine notamment avec une sauce tomate. A déguster, par exemple, avec du riz! C'est bon mais je n'en ferais pas une folie... En cause : la consistance plus ou moins gélatineuse en fonction de la façon dont il a été cuisiné.
  

• Koshery : mélange plus que consistant de macaronis, spaghettis, riz, lentilles agrémenté d'oignons frits et d'une sauce à la tomate et aux épices... J'adorais ça, au début. Mais je crois que j'ai abusé quand j'étais encore à l'hôtel et que je ne pouvais pas cuisiner... Désormais je m'abstiens mais c'est à découvrir, ne serait-ce que pour la sauce!!

• Salata baladi : le terme "baladi" signifiant "de mon pays". Elle se compose de tomates, d'oignon, de concombres. Rafraichissante, très agréable vu les chaleurs estivales mais attention à bien sélectionner l'endroit où on l'achète : certains commerçants ne prennent pas vraiment le temps de nettoyer correctement les aliments! Mais on peut tout aussi bien la préparer soi-même.

• Molokheya : alors là, c'est vraiment ce que je ne peux me résoudre à manger. Il s'agit d'une soupe verte à base de la plante du même nom. Jusque là, pas de problème me direz-vous. Sauf que cette soupe est, comment dire, très gluante, un peu comme un jaune d'œuf pas cuit... Par contre côté goût, rien à redire.

• les Mahchi : petits farcis réalisés avec des petits poivrons, des aubergines, des feuilles de vigne farcis d'un mélange riz-tomate-oignon avec assaisonnement. Très bon.
  

• Riz au lait : et oui ça peut paraître curieux mais c'est un des desserts souvent proposé sur les cartes égyptiennes. Ils mettent de la noix de coco dedans, j'adore ça!!!

Pour terminer ce petit tour culinaire, je voulais juste préciser qu'ici, le pigeon est une viande très appréciée... ce qui explique que l'on en voit beaucoup moins qu'à Paris! Mais je ne peux rien vous dire, je n'ai pas goûté.

Maintenant bon appétit, en resto ou à domicile : et oui, en Égypte, du boucher au supermarché en passant par les "fast-food" locaux, ils livrent tous!

Une fois n'est pas coutume (enfin pour le coup, me concernant, ce n'est peut-être pas exactement vrai mais gardons quand même la formule!), je commencerai par un post qui râle. Le laisser-passer A38, ça vous dit quelque chose? Les douze travaux d'Astérix, dans la maison qui rend fou?? Vous y êtes? Parce que moi j'y étais... En tout cas c'est exactement à ça que j'ai pensé quand je me suis rendue au Mogamma, énorme complexe administratif, pour faire renouveler mon visa. Vous pensiez avoir tout vu en France? Vous, vous n'êtes jamais venus au Mogamma du Caire.

C'est presque un parcours du combattant sous une chaleur étouffante qu'il faut se farcir. On commence par remplir une "application", qui se trouve simplement être un document papier de quatre pages où écrire les principales informations nous concernant. Prendre la feuille, c'est facile, c'est en libre service. Après, débrouillez vous pour le remplir comme vous pouvez, les couloirs sont bondés et les quelques sièges pris d'assaut. Par chance, je trouve une place libre et m'attelle à la tâche. Le comptoir vitré me concernant ("autres touristes" en gros, par opposition aux personnes de Palestine, du Maghreb, etc., de pays arabes donc, en règle générale) se trouve juste à côté. Pas de file d'attente en règle, il faut jouer des coudes et s'approcher au plus près parce que les autres, eux, n'hésitent pas à passer devant.

C'est là qu'on vous donne la liste de ce qu'il faut fournir avec votre demande, notamment une sorte de timbres fiscaux qui, bien sûr sont en vente à un autre comptoir! Si vous aviez prévu vos photocopies de passeport et une photo d'identité, à priori, le plus dur sera d'attendre et de supporter la chaleur. Vous pouvez toujours acheter de quoi vous désaltérer à un des nombreux petits étals installés dans les couloirs.

Mais si comme moi, vous n'avez pas renouvelé votre visa avant la fin du premier mois de résidence, que vous écopez en conséquence d'une sympathique amende de 150 LE (soit environ 21 euros), et que vous devez faire sur place les photocopies et autres démarches, la galère ne fait que commencer. Aller-retour d'un comptoir à l'autre, descendre et monter les escaliers (c'est surtout dans ces circonstances que les réminiscences Astérix me viennent), bousculade dans les couloirs, files d'attente, .....  Pour finalement vous entendre dire que votre passeport sera prêt dans deux heures. Mieux vaut compter davantage. Une heure de plus pour la femme qui me précédait dans la file.

Début du processus à 10h20 environ, fin vers midi et récupération du passeport le lendemain. Une heure de retard au boulot en prime, heureusement que c'est assez flexible. Et maintenant je peux même rester en Égypte jusqu'à la fin novembre.